ou le double-sens du calembour à l'holorime

          L'antanaclase est la base du jeu de mots.
          C'est d'abord une figure de style qui consiste à reprendre le même terme dans une même phrase, mais dans un autre sens qui n'a pas de rapport avec le premier. Cette figure n'est donc possible qu'avec des mots ou expressions à vrais double-sens.
          L'antanaclase n'est pas toujours prisée en littérature: on la qualifie souvent de vulgaire.Pratiquée par le roman policier à qui elle a donné un style depuis les San Antonio, elle est surtout très appréciée dans la littérature orale (chanson, théâtre, conte, cabaret) par son pouvoir de susciter le rire.
          Elle est avant tout la base de mots d'esprit spontanés.
          La première antanaclase connue se trouve dans la Bible : "Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon église". Nous faisons très souvent, volontairement ou non, des antanaclases dans la vie courante. Par exemple en achetant en solde un vêtement auquel il faut apporter des retouches : "C'est une affaire... mais tout est à faire !"

          On peut obtenir aussi une antanaclase s'il n'y a qu'un seul mot consciemment employé dans un second sens qui sous-entend l'existence d'un premier :
          "Madame la Baronne sait recevoir les dignitaires : l'étiquette, elle ne la colle pas sur les pots de confiture." ou "Tout le monde a eu chaud. Quant à l'écologiste, il était vert !"

          Par élargissement, l'antanaclase peut aussi jouer avec deux mots en opposition, de la même famille sémantique : "Sa mère lui avait bien prêté la vie mais son fils, le docteur, ne la lui a pas rendue". C'est la plus subtile de toutes.
          Pour les besoins de ce mode d'emploi, nous insisterons plutôt sur la série d'antanaclases du type calembour, sans aller nécessairement jusqu'à cette autre figure de style, l'holorime, qui devient sophistiquée quand elle se présente en distique. L'antanaclase en série est une rime intérieure ultra-riche, holorime naturelle complète ou incomplète : "Tu veux goûter à l'amante ou du thé à la menthe ? C'est à qui ?", "Eh bien, c'est acquis !"

          MODE D'EMPLOI :

          1/ Prendre un dictionnaire et noter des mots courants de même catégorie (nom, verbe, adjectif, interjection...) ayant un homonyme sans rapport de sens : comme "je suis" (verbe être) et "je suis" (verbe suivre) ou comme" ver" et "verre". Elargir aussi à l'homophonie d'un à plusieurs mots: comme "assis !" et "ah si !"

          2/ Une fois cette banque constituée, faire des phrases à 1, 2 , 3 ou 4 mots ou groupes de mots à double-sens.
Exemple d'antanaclase simple : "L'amande est amère / L'amende est amère" qui peut nous conduire à l'à peu près : "l'amant de ta mère".
Exemple d'holorime courte : "Qu'elle arrête ! / Quelle arête (de poisson)" ?

          3/ On peut aussi inventer les personnages qui signent les antanaclases : "Vous avez mon accord..." dit le pianiste. "Il a beaucoup d'adresse(s)..." dit le facteur en parlant d'un acrobate.